Ami de Georges Seurat et Paul Signac, Albert Dubois-Pillet est l’un des fondateurs du Salon des indépendants. Ses toiles s’inscrivent dans le mouvement du pointillisme.
Exposé au 6e Salon de la Société des artistes indépendants, ce tableau a été offert à la ville du Puy-en-Velay par le père de l’artiste. Peint en 1890, c’est une des dernières œuvres de l’artiste qui décède en août de la même année.
Le tableau s’organise en différents plans successifs qui lui donnent une profondeur : la rue enneigée et une silhouette perdue, le chevet de l’église Saint-Laurent et les habitations, puis le rocher Saint-Michel d’Aiguilhe. Le tableau, réalisé avec une palette de couleurs restreinte, se caractérise par l’emploi de touches de taille différente et par le choix d’un paysage enneigé. La neige vient modifier ce que les néo-impressionnistes nomment les « tons locaux », les couleurs propres des objets. La toile est ainsi dominée par des variations de bleu, de mauve et de blanc, que vient réchauffer le jaune de la maison au premier plan à droite.
Albert Dubois-Pillet est né le 28 octobre 1846 à Paris. Après des études à l’école militaire de Saint-Cyr, il devient officier puis intègre la Garde républicaine.
De sa formation artistique, nous ne savons rien, mais dès 1876, il envoie des tableaux au Salon. En 1884, ses toiles étant refusées par les organisateurs, il se joint à d’autres artistes refusés pour organiser une exposition indépendante dans des baraquements. C’est l’acte de naissance du Salon des artistes indépendants. À cette occasion, il se lie d’amitié avec Georges Seurat et Paul Signac. Sous leur influence, il devient un adepte du pointillisme.
Dès lors, il se consacre à la peinture, mais subit des remontrances de sa hiérarchie militaire qui n’approuve pas cette double carrière. Il est alors nommé en Haute-Loire où il s’installe en décembre 1889. Très peu de temps après, il décède de la variole le 17 août 1890. À sa mort, le journaliste Jules Antoine écrit dans La Plume « La nature, toujours bizarre, avait fait de cet officier un artiste révolutionnaire, ardent et convaincu . »
Si le terme « néo-impressionnisme » est employé pour la première fois en 1886, le mouvement artistique lui, apparaît en 1884 à l’occasion du premier Salon des artistes indépendants. Plusieurs jeunes artistes s’étant vu refuser l’accès au Salon officiel avaient décidé d’organiser leur propre exposition. Georges Seurat y expose Une Baignade à Asnières, premier tableau pointilliste qui attira d’emblée l’attention.
L’ambition de Seurat est de mettre les récentes découvertes scientifiques sur les lois de l’optique au service de la peinture. Plutôt que de mélanger les pigments sur sa palette, il juxtapose de petits points de peinture et c’est l’œil du spectateur qui restitue les différentes nuances voulues par l’artiste. Dans le même objectif, les contours ne sont plus définis par des lignes.
Certains visiteurs sont surpris, d’autres choqués, mais de nombreux peintres s’engagent dans la voie tracée par Seurat et Signac dont Dubois-Pillet.