Le récolement, un travail laborieux mais passionnant !

Dans un musée, le récolement est le fait de s’assurer que toutes les œuvres inscrites sur le registre d’inventaire sont bien présentes, en bon état de conservation, et bien documentées.

Le récolement décennal des collections des musées de France est une obligation légale, fixée par l’article L. 451-2 du Code du patrimoine : « Les collections des musées de France font l’objet d’une inscription sur un inventaire. Il est procédé à leur récolement tous les dix ans. » Les collections du musée Crozatier appartiennent à la Ville du Puy-en-Velay et à la Communauté d’agglomération du Puy-en-Velay, ou bien encore sont des dépôts de l’État ou d’autres musées. Elles sont « affectées » au musée qui en assure la conservation, l’étude et la mise à disposition.

Cela nous engage : nous sommes les garants de la bonne conservation de ce patrimoine pour les générations futures.

Le premier contrôle est celui de la présence effective. Pour cela nous œuvrons de manière systématique : dans chacune des réserves, sur chaque étagère, puis dans chaque boite, la présence des objets est vérifiée. C’est un travail de longue haleine surtout quand on sait que le musée renferme environ 170 000 items ! Il est donc programmé sur une durée de 10 ans, avec des objectifs précis pour chaque campagne. En 2021, c’est le tour de la réserve des dentelles.

Cette vérification est l’occasion de compléter la fiche de l’œuvre : mesures, technique, constat d’état, photographie…

Au service de la recherche

Cette inspection intervient également en réponse à la demande d’un chercheur, d’un journaliste, d’un étudiant travaillant sur un sujet lié à nos collections. La recherche des œuvres peut alors s’apparenter à une véritable enquête !

Il faut savoir que les collections du Puy ont été inventoriées de manière rétrospective par Roger Gounot tout au long de sa carrière de conservateur (1947-1978). Il a inscrit à l’inventaire des pièces censées être présentes depuis la création du musée en 1820 en s’appuyant très scrupuleusement sur toutes les archives disponibles (notamment les bulletins annuels de la Société Académique du Puy-en-Velay et de la Haute-Loire, autrefois propriétaire et gestionnaire du musée, qui relatent mois après mois, entre 1826 et 1872 les arrivées des œuvres au musée). Cela a représenté un travail considérable ! Mais… il est arrivé que des œuvres soient inventoriées sans avoir jamais été vues ou identifiées, ni par Gounot, ni par ses successeurs.

Voici notre dernière enquête en date.

Un universitaire grec, Iakovos Vourtsis, nous a demandé de vérifier la présence au sein des collections « d’un costume de Pallicare porté par M. Voutier l’un des vaillants Philhéllènes qui vers 1822 allèrent au secours de l’indépendance de la Grèce » donné au musée par M. et Mme Hedde car il souhaitait publier un article sur Olivier Voutier et son costume.

Nous connaissons bien la famille Hedde, originaire du Puy, et dont plusieurs générations ont fait des dons au musée. Il y a bien une série d’objets provenant de Grèce parmi ces dons. On apprend ici que l’épouse de Philippe Hedde est la fille de ce Voutier, officier de marine ayant revendiqué la découverte de la Vénus de Milo ! Nous commençons à voyager loin du Puy ! Mais retournons à nos inventaires et à nos réserves.

Malheureusement ce costume grec de Palikare (inventorié sous le n° 892.14.208.3) n’a pas été identifié et il est porté manquant.

Tout n’est pas perdu car un certain nombre de ces objets non identifiés sont bien présents, en attente de leur reconnaissance. Il nous faut explorer la liste des objets repérés comme « orphelins » lors du chantier des collections, faute à ce moment d’avoir bénéficié d’une expertise qui aurait permis le rapprochement avec leur identité sur l’inventaire. Et c’est bien le cas pour un ensemble de vêtements, gilet, blouse, jupon, guêtres et ceinture, qui ont été dépoussiérés, conditionnés, et localisés en réserve textile. Cette recherche documentaire a ainsi permis d’apparenter ce costume à son histoire.

Nous conservons donc dans nos réserves un costume ayant appartenu au découvreur de la Vénus de Milo !

Voilà comment le récolement, travail ingrat de vérification systématique, peut se muer en enquête constructive et passionnante pour l’histoire et l’histoire de l’art.

 

 

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