Pendant la Seconde Guerre mondiale, 100 000 tableaux et objets d’art ont été spoliés à des particuliers ou des marchands d’art
Dès juillet 1940, les forces d’occupation allemandes organisent la confiscation des biens des familles juives : au domicile des victimes, dans les dépôts de repli des musées nationaux, dans des garde-meubles ou dans des coffres de banques. Cela concerne tout d’abord le vol des biens artistiques de 216 familles. Puis les spoliations s’accentuent par le pillage des appartements et les politiques « d’aryanisation » du régime de Vichy. Les administrateurs provisoires réalisent alors des ventes forcées des biens des galeristes, antiquaires et collectionneurs, qui sont également des spoliations.
À la fin de la guerre, l’État français a mis en place une cellule de recherche et de rapatriement (Commission de Récupération Artistique) de ces œuvres, qui avaient été transportées en Allemagne par les Nazis. C’est Rose Valland, jeune conservatrice au musée du Jeu de Paume, à Paris, qui a été la cheville ouvrière de ces opérations.
Elle continuera toute sa carrière à travailler pour la sécurité des œuvres d’art. Pendant la guerre froide, elle élabore un plan de sauvegarde, pour mettre à l’abri les œuvres en cas de conflit armé. Au musée Crozatier, son interlocuteur est Roger Gounot, conservateur de 1947 à 1979, qui visite des tunnels, en trace les plans… Le musée conserve leur correspondance.
Vers 1949, la moitié environ des biens spoliés ont été réacheminés en France, mais leurs propriétaires, le plus souvent des familles juives, sont morts en déportation ou impossibles à retrouver.
Environ 2 000 œuvres (dont une moitié de peintures) sont alors confiés à la garde des musées nationaux, et mis en dépôt dans les musées français afin qu’ils soient vus par le public. Il s’agit de permettre leur identification par les propriétaires légitimes ou leurs ayants droit, et d’organiser leur restitution.
Ces tableaux, au statut très particulier, ont été nommés MNR pour Musées Nationaux Récupération. Le musée Crozatier en conserve quatre, visibles dans la salle des peintures du 17e siècle.
Retrouvez les oeuvres suivantes :
- MNR 40, Portrait d’homme, Lucas Franchoys
- MNR 489, Tête de Vieillard, Govaert Flinck
- MNR 493, Portrait d’homme tenant un chapeau, Ferdinand Bol
- MNR 815, Allégorie de la Paix, Abraham Willemsens
Un cinquième tableau, le MNR 386, Triptyque de la Crucifixion, a été restitué en février 2018 aux ayants droit de ses légitimes propriétaires.